Décrite comme une personne éloquente et déterminée, Sœur Rose-de-Lima Bonneau (1859-1934) incarne bien l’implication sociale des communautés religieuses établies ici. À l’occasion de la Journée internationale des femmes, le 8 mars prochain, Héritage Montréal vous propose une incursion en trois lieux pour retracer le parcours de cette Montréalaise qui a consacré sa vie à épauler les plus démunis.
© ASGM Dossier personnel, Sr Rose-de-Lima Bonneau, Photographie, 1931.
La rue Bonneau
Notre œil contemporain, habitué aux vastes axes autoroutiers et aux larges boulevards urbains, s’émerveille souvent devant la petitesse de certaines rues du Vieux-Montréal. La rue Bonneau attise donc la curiosité des passants qui savent repérer les lieux discrets. Culminant sur la rue de la Commune, cette rue a été rebaptisée en 1922 par les autorités municipales afin d’honorer le travail de Rose-de-Lima Bonneau, alors supérieure de l’hospice Saint-Charles. À l’origine, ce passage était surnommé rue de la Friponne, un toponyme qui évoque une tout autre histoire rimant moins avec la vertu ! Ce nom moqueur a pris racine au XVIIIe siècle alors que les pratiques commerciales douteuses du munitionnaire du roi qui y tenait magasin attirent l’ire de la population !
L’Hôpital Général de Montréal
Rose-de-Lima Bonneau entre au postulat des Sœurs de la Charité de l’Hôpital Général de Montréal le 28 août 1878. Fondé en 1737 par Marguerite d’Youville, la Congrégation des Sœurs de la Charité de Montréal a aussi hérité d’un surnom en souvenir d’un sobriquet qu’on avait attribué à cette congrégation religieuse exclusivement féminine. À l’époque, le fait que des femmes s’associent pour venir en aide aux indigents est assez audacieux et attire la méfiance de certaines personnes. Ces dernières les imaginaient, à tort, impliquées dans le commerce de l’alcool et les qualifiaient de « grises », une expression qui, à l’époque, signifiait « saoules ». En réalité, ce ne sont pas les tonneaux qui intéressent les Sœurs Grises, mais bien les soins envers autrui. Celles-ci prennent la relève, en 1747, de l’Hôpital Général de Montréal et entreprennent une rénovation en profondeur du bâtiment une rénovation en profondeur du bâtiment d'origine négligé par les Frères Charon, les fondateurs de l’Hôpital général. Accueillant jadis les malades et les déshérités, l’endroit change de vocation en 1871, suite au départ des Sœurs grises. Les bâtiments de l’ancien hôpital sont alors en partie démolis et servent d’entrepôt, avant d’être restaurés en 1981 par la firme d’architectes Desnoyers Mercure et associés qui leur redonne leur vocation communautaire d’origine. Classé en 2013, l’ensemble présente une maçonnerie brute, des détails en pierre de taille et un toit en pignon, des détails qui représentent bien l’architecture fonctionnelle du XVIIIe siècle.
L’Accueil Bonneau
L’héritage le plus célèbre laissé par Rose-de-Lima Bonneau est certainement l’institution dédiée aux hommes sans domicile fixe qui porte aujourd’hui son nom. Celle-ci trouve son origine dans l’Hospice Saint-Charles, fondé le 7 mai 1877, près du port de Montréal. Sous les pressions des nouveaux développements dans le quartier, l’hospice est détruit, puis remplacé temporairement par le Fourneau économique, un service de dépannage installé sur la rue Champ-de-Mars. En 1904, on inaugure le Vestiaire des pauvres sur la rue de la Commune. Sous la direction de Rose-de-Lima Bonneau, jusqu’en 1934, l’œuvre caritative sert encore plus de 800 repas par jour et offre une variété de services et de programmes pour soutenir et accompagner une clientèle vulnérable. Dévasté par une explosion accidentelle en 1998, l’édifice historique en pierres grises est reconstruit par JBC Architectes à qui Sauvons Montréal attribue d’ailleurs un prix Orange dans la catégorie rénovation/recyclage.
Notice biographie © ASGM Dossier personnel, Sr Rose-de-Lima Bonneau
Source des documents de l'article : Service des archives et des collections Les Sœurs de la Charité de Montréal «Sœurs Grises»