Les avocats y déambulent vêtus de leur toge, on y fait valoir ses droits, on y défend des causes, on y rend des jugements et l’on doit parfois y comparaître… les palais de justice de Montréal accueillent une fourmilière de travailleurs et de citoyens quotidiennement, et dévoilent une architecture plutôt classique – à l’exception du palais de justice actuel, inauguré en 1971, plus proche du langage moderne avec ses murs aveugles. Héritage Montréal vous invite à découvrir trois bâtiments du Vieux-Montréal liés au pouvoir judiciaire, d’hier à aujourd’hui, dont les éléments architecturaux monumentaux et plutôt austères évoquent bien leur fonction névralgique, sérieuse et institutionnelle.Le «Vieux palais»Commençons par le doyen du coin! Situé au 155, rue Notre-Dame Est, le «Vieux palais» est érigé en 1851-1857 puis modifié en 1890-1894, alors que l’on y ajoute, entre autres, une impressionnante coupole rappelant celle de l’exposition universelle de Paris en 1899. Construit en pierre de taille, il est l’œuvre des architectes John Ostell et Henri-Maurice Perrault. Perché au sommet d’un dos d’âne et bénéficiant d’un recul important face à la rue, ce palais de justice, appelé aussi édifice Lucien-Saulnier, offre aux passants une vue dégagée sur sa façade classique comprenant un portique assorti de colonnes ioniques (on les reconnaît grâce à leur chapiteau ressemblant à des brioches à la cannelle!). Pour répondre à un besoin d’espace croissant, on construit en 1903-1905 une annexe à l’ouest de l’édifice, mais l’espace demeure trop exigu pour y accueillir tout l’appareil judiciaire. On érige alors dans les années 1920 un nouveau palais de justice en face, devenu le siège de la Cour d’appel du Québec.L’édifice Ernest-CormierLes 14 larges colonnes doriques qui accueillent les usagers de l’édifice Ernest-Cormier, érigé au 100 Notre-Dame Est, imposent le respect. Dessiné par les architectes Louis-Auguste Amos, Charles Jewett Saxe et Ernest Cormier, ce «Nouveau palais» possède une façade classique empreinte de sobriété qui fait aussi référence à l’Antiquité gréco-romaine, civilisation associée à la justice et à la démocratie naissante. Sur les portes de bronze de l’entrée principale, on peut observer des bas-reliefs illustrant la Vérité, la Justice, le Jugement, le Code criminel, le Pardon et le Châtiment. Le panneau portant sur le Code criminel expose la maxime latine DURA LEX, SED LEX, qui signifie «La loi est dure, mais c’est la loi»… une pensée teintée d’une belle sagesse autoritaire!La Cour municipaleSi vous marchez près de l’hôtel de ville, vous apercevrez au 775, rue Gosford un édifice en grès chamois dont la façade principale est composée d’une colonnade d’ordre dorique posée sur un socle et rythmée par trois arcades. La façade classique, sans fronton, rappelle encore une fois l’architecture gréco-romaine. Le bâtiment inauguré au début des années 1910 est jumelé à une seconde partie construite de 1957 à 1960 pour accueillir les quartiers de la police. Ayant servi d’annexe de l’hôtel de ville, c’est maintenant la cour municipale de Montréal qui y est établie. Conçue par la firme des architectes Jean-Omer Marchand et Samuel-Steven Haskell, la partie la plus ancienne de l’ensemble témoigne de l’influence du style beaux-arts et ce n’est pas qu’un hasard! En effet, Jean-Omer Marchand est le premier architecte canadien de l’École des beaux-arts de Paris, qu’il fréquente dès 1893.Partez donc à la découverte de ces trois bâtiments où s’exerce la justice! Bonne visite!